L’heure est au redressement à l’Aéroport international Blaise Diagne (AIBD SA). Depuis sa nomination, le Directeur général Cheikh Bamba Dièye a engagé une rupture nette avec les pratiques passées, marquées par une gestion jugée laxiste et dispendieuse. Sa feuille de route est claire : rationaliser les dépenses, restaurer la crédibilité financière de la société et restructurer profondément l’organisation.
Rationalisation tous azimuts
Dès son arrivée, Cheikh Bamba Dièye a gelé le renouvellement des contrats de prestations de services non essentiels. D’ici fin 2025, environ cent contrats arriveront à terme sans reconduction. À cela s’ajoutent les départs à la retraite et un plan social à venir, préparé en concertation avec les partenaires sociaux. Ces mesures visent une réduction significative de la masse salariale, sans négliger la reconversion d’une partie du personnel : 19 agents seront ainsi formés et redéployés comme pompiers d’aérodrome.
Coup de frein sur les dépenses
En attendant les résultats des audits, des actions urgentes ont été prises :
Dotation en carburant réduite : économie de 240 millions FCFA sur un budget annuel de 900 millions.
Réduction du parc locatif de véhicules : gain de 19 millions FCFA par mois, soit 228 millions FCFA par an.
Maîtrise des frais de téléphonie : facture passée de 19 à 9 millions FCFA par mois, pour une économie annuelle de 120 millions.
Missions à l’étranger strictement limitées : seules les missions jugées indispensables sont autorisées, avec une participation minimale.
En parallèle, les budgets de certaines directions ont été revus à la baisse, générant plus d’un milliard FCFA d’économies supplémentaires.
Projets gelés ou réorientés
Dans le cadre des projets liés au hub aérien, les contrats non engagés (sans avance de démarrage) ont été suspendus, ce qui représente une économie immédiate de 63 milliards FCFA. Pour les projets ayant reçu des avances, leur poursuite est conditionnée à une validation du Conseil d’administration. L’objectif est de recentrer les ressources sur des chantiers réellement prioritaires.
Un redressement assumé
« L’urgence, c’est de sauver la boîte », affirme la Direction générale, qui estime que la situation actuelle est le fruit d’une mauvaise gouvernance prolongée depuis 2020. Le redressement d’AIBD SA passera donc par des coupes budgétaires rigoureuses, l’adoption de bonnes pratiques de gestion et la fin des dérives du passé.
Un nouveau plan d’organisation est en cours d’élaboration, aligné sur les recommandations issues des audits. En attendant sa validation, les premières corrections internes sont déjà en place pour éliminer les dépenses injustifiées.
Préserver l’emploi, relancer l’investissement
Malgré les mesures de réduction, AIBD SA prévoit de préserver et de créer de nouveaux emplois à travers plusieurs projets structurants : une centrale solaire, un centre médical d’urgence, l’Aéroville, l’extension de l’aérogare passagers et le développement du terminal fret.
À ce jour, la société fait face à des engagements financiers importants : 196 milliards FCFA dus aux entreprises dans le cadre de contrats signés, certains ayant déjà fait l’objet d’avances de démarrage.
Avec cette approche de rigueur, AIBD SA entame une nouvelle ère marquée par l’efficience, la transparence et l’ambition de redevenir un acteur stratégique et viable de l’aviation civile sénégalaise.
