Le général Brice Clotaire Oligui Nguema a été officiellement investi président de la République gabonaise ce samedi, au terme de 19 mois de transition militaire ayant suivi la chute du régime d’Ali Bongo. La cérémonie, inédite par son ampleur populaire, s’est déroulée au stade d’Angondjé, près de Libreville, devant environ 40 000 personnes.
Élu avec 94,85 % des suffrages le 12 avril dernier, Oligui Nguema a prêté serment sur la nouvelle Constitution adoptée par référendum en novembre 2024. Ce texte marque un tournant politique majeur pour le Gabon : le retour à l’ordre constitutionnel, après une période de régime d’exception entamée en août 2023. « L’élection du Président de la République met fin au processus de transition et marque en conséquence le retour à l’ordre constitutionnel », a-t-il déclaré dans son discours d’investiture.
Vêtu d’un costume sombre et d’une écharpe rouge, le général-président a salué la foule depuis une voiture décapotable avant de rejoindre la tribune officielle. La cérémonie a réuni seize chefs d’État africains, dont Félix Tshisekedi (RDC), Paul Kagame (Rwanda), Bassirou Diomaye Faye (Sénégal) et Umaro Sissoco Embalo (Guinée-Bissau), témoignant d’un large soutien régional. La France était représentée par Benjamin Haddad, ministre délégué chargé de l’Europe.
Faustin-Archange Touadéra, président centrafricain et facilitateur de la transition au nom de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), a salué « un modèle type de transition réussie ». Dès mardi soir, le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), organe militaire dirigeant depuis 2023, a été dissous, marquant symboliquement le retour des militaires dans leurs casernes.
Malgré cette étape démocratique franchie, le président Nguema devra faire face à de lourds défis. L’économie gabonaise, dépendante du pétrole, reste vulnérable : le chômage des jeunes avoisine les 40 %, le réseau électrique est obsolète, les infrastructures routières sont dégradées, et la dette publique devrait atteindre 80 % du PIB en 2025. Le président a promis une lutte sans relâche contre la corruption, l’impunité et le laxisme.
Parmi les nouveautés introduites par la nouvelle Constitution, le poste de Premier ministre est supprimé, remplacé par celui de vice-président, et les pouvoirs du président sont renforcés. Des élections législatives et locales sont annoncées pour l’automne 2025 afin de compléter la restauration des institutions démocratiques.
« Le chemin qui conduit à l’essor vers la félicité sera long, mais avec le travail, la discipline, l’effort et la foi en notre pays, nous déplacerons les montagnes », a conclu Oligui Nguema, reprenant les paroles de l’hymne national.
La cérémonie s’est clôturée dans l’après-midi par un défilé militaire, ponctuant un moment historique pour le Gabon, qui entre désormais dans une nouvelle ère politique.
