Le Procureur de la République financier, El Hadj Abdoulaye Sylla, a annoncé avoir saisi, le 14 avril, la Division des investigations criminelles (DIC) pour l’ouverture d’une enquête sur la gestion des finances publiques du pays, couvrant la période de 2019 au 31 mars 2024. Cette décision fait suite à un référé transmis par le procureur général près la Cour d’appel de Dakar, à la suite d’un rapport de la Cour des comptes ayant mis en lumière des faits susceptibles de poursuites pénales.
Le rapport d’audit, commandité dans le cadre du contrôle de la gestion publique, évoque plusieurs anomalies dans l’utilisation des fonds publics, soulevant ainsi de sérieuses questions sur la gouvernance financière durant les dernières années du régime précédent. Transmis au ministre de la Justice par le Premier président de la Cour des comptes, le document a motivé l’ouverture de procédures judiciaires par le parquet du Pool judiciaire financier.
En réaction à cette publication, l’Alliance pour la République (APR), ancien parti au pouvoir, a convoqué une conférence de presse ce jeudi pour présenter un contre-rapport. Rédigé par un collectif d’experts mandatés par l’ancien président Macky Sall, ce document, présenté sous forme de livre, vise à démonter les conclusions du rapport officiel.
Selon les auteurs, le rapport de la Cour des comptes serait entaché de « graves incohérences » et « interprétations biaisées ». L’APR entend ainsi défendre la légitimité de sa gestion et « rétablir la vérité » sur la période visée par l’enquête.
Le contre-rapport sera distribué à l’ensemble des chancelleries et organisations internationales, une initiative qui traduit la volonté du parti de porter le débat sur la scène diplomatique, dans un contexte de tension politique post-alternance.
L’ouverture de cette enquête et la riposte de l’APR annoncent un affrontement juridique et médiatique majeur autour de la reddition des comptes. L’opinion publique et les observateurs étrangers suivront de près l’évolution de cette affaire qui pourrait profondément marquer la vie politique nationale dans les mois à venir.