Au Sénégal, la prévalence de la surdité dans la population générale est de 5,9%, soit environ 800.000 personnes. Ces chiffres ont certainement évolué puisqu’ils remontent de 2015, assure Dr Mame Sanou Diouf Ba, Professeure titulaire des universités, spécialiste ORL et chirurgie cervico-faciale.
« La surdité constitue un problème de santé publique. La plupart des causes de surdité surtout chez l’enfant sont des causes évitables. Il s’agissent essentiellement des causes infectieuses telles que les otites, la méningite, les infections telles que la tuberculose, le paludisme, l’exposition au bruit avec le phénomène de mode due aux écouteurs et airpods », Dr Mame Sanou Diouf Ba.
Dr Ciré Ndiaye, secrétaire général de la Societé Sénégalaise d’ORL lance un plaidoyer dans la prise en charge des enfants, des personnes sourdes et muettes.
Le constat est que : « Le Sénégal est très en retard dans la prise en charge des personnes sourdes, qui ont une baisse de l’auditive. Le dernier recensement de l’Ansd fait état de 800.000 sourds au Sénégal. Dans beaucoup de pays développés, nous prenons souvent l’exemple du Maroc, ils ont des programmes de lutte contre la surdité. Les enfants sont pris en charge très tôt, ils sont opérés pour éviter qu’ils soient des sourds-muets », assure Dr Ciré Ndiaye.
Il alerte que : « si nous ne faisons rien d’ici quelques années les sourds-muets seront originaires des pays pauvres. Dans les pays développés, il n’y a plus de sourds-muets parce qu’ils sont diagnostiqués tôt et ils sont pris en charge. Ils vont évoluer, ils vont parler, aller à l’école. Ils vont travailler et payer des impôts et participer au développement de leur pays. Alors que si on ne les prend pas en charge tôt, ils seront des enfants sourds-muets, ils seront une charge pour la société et pour l’État. Les opérer précocement avec 10 millions de FCFA coûte moins cher à l’État que d’attendre pour que l’enfant soit une charge supplémentaire. L’État va le prendre en charge toute sa vie parce qu’il ne peut pas travailler, il ne peut pas payer d’impôt. Le plaidoyer est que les autorités prennent conscience de ce handicap socialement lourd pour les familles, les parents et la société ».
L’absence du ministre de la Santé ou de son représentant au 32e Congrès de la Société sénégalaise d’ORL a été notée. Toutefois, les ORL plaident aussi pour qu’un programme national de ĺutte contre la surdité soit développé au Sénégal.