Le 24 février 2024, le Sénégal a réalisé sa troisième alternance démocratique en l’espace d’un quart de siècle. Cet événement représente un sursaut de notre démocratie qui a été sévèrement malmenée par des gens dépourvus du sens de l’histoire. Ce sens de l’histoire qui commande à toute personne pétrie de valeurs d’éviter d’être celui par qui s’éteint le flambeau brûlant du feu de l’honneur de toute une nation. Nous ferons l’économie dans cette réflexion de tous les événements malheureux, de toutes les peines et angoisses inutilement vécues dans ce pays. Nous noterons juste qu’au bout de toutes ces vaines tribulations, un homme, Ousmane Sonko a su convaincre les sénégalais qui lui ont fait confiance. Ces derniers ont su faire confiance au choix porté sur la personne du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye en l’élisant au premier tour avec 54% des voix. Cette élection, au-delà du fait qu’elle symbolise une alternance générationnelle, représente la victoire « d’une génération d’idées sur un consortium d’intérêts » (j’ai cité le Docteur Abdourahmane Diouf).
Cette réflexion porte précisément sur ce consortium d’intérêt qui a l’art de créer et d’entretenir des situations pour exercer une pression contre les dirigeants dans l’optique d’assouvir sa soif de privilèges. En observant de près la scène politique sénégalaise depuis 2000, nous constatons aisément l’existence d’une catégorie d’individus qui évoluent aux flancs du pouvoirs pour jouir des avantages que confère la proximité avec le roi, la reine ou les acolytes. Cette race d’individus développe toujours le même modus operandi : créer une situation délicate qui leur permet d’intégrer le cercle d’influence du Prince, exercer un chantage quand ce dernier présente des faiblesses, chanter ses louanges, lui chercher des ennemis, lui faire croire en son invincibilité pour l’abandonner quand survient l’heure fatidique où le peuple arrache sa souveraineté confiée à un prince perdu par son arrogance.
En y regardant de plus près, ces individus ont un dénominateur commun : ils évoluent presque tous dans ce que le philosophe français Louis Althusser a appelé les appareils idéologiques d’Etat. En effet, ils sont soit des acteurs de la sphère spirituelle jouissant d’un pouvoir symbolique, des acteurs des médias ou des politiciens de carrière. En abordant ces acteurs, nous n’oublierons pas ceux qui sont actifs dans le milieu des affaires.
D’abord, les acteurs de la sphère spirituelle sont ceux-là qui s’appuient sur leur autorité symbolique pour drainer des foules. Prenant cette foule en « otage », ils sont prompts à se saisir de n’importe quelle question pour créer une polémique ou une revendication afin de positionner en interlocuteur de l’Etat. Ensuite, certains acteurs des médias qui utilisent leur organe pour exercer un chantage sur les tenants du pouvoir. Ceux-là traitent l’information en fonction de leurs rapports avec l’Etat. En termes plus clairs de la façon dont l’Etat accède à leurs requêtes dont la légitimité est très discutable. Après cela, il y a aussi les politiciens dont la seule expertise se limite à créer des passerelles pour rejoindre les prairies vertes du pouvoir. Ce sont généralement des politiciens au ton virulent au début, spécialistes des mises en scènes et des récupérations. Une fois servis, ces derniers changent radicalement de discours et deviennent les plus grands laudateurs. Enfin, la dernière catégorie est composée de gens qui s’arrogent le titre d’homme d’affaires. Des hommes d’affaires souvent incapables de dire concrètement en quoi consistent leurs affaires ou bien quelle en est la valeur ajoutée pour eux et pour la communauté. Ils sont généralement les plus bruyants mais leur agitation a simplement pour objectif de glaner des marchés pour lesquels ils ne sont généralement ni moins-disants encore moins les mieux-disants. Tous ces acteurs, en parties prenantes du même consortium, savent faire une jonction d’actions quand leurs intérêts sont en jeu.
Aussi longtemps qu’on puisse remonter dans l’analyse, les acteurs de cet écosystème ont toujours eu une action néfaste sur la lucidité de celui qui a la charge de présider aux destinées de ses concitoyens. En réalité, toute leur action se limite à construire et à gérer un réseau d’intérêts qui gravite autour du pouvoir. Ils sont porteurs d’un discours lénifiant qui contribue à creuser un fossé entre le peuple et celui à qui ils ont confié le pouvoir. Ce dernier, bercé par ce discours rempli d’illusions croira que tout est sous-contrôle jusqu’au moment où survient le réveil brutal.
En guise d’illustrations, nous avons vu des médias et des prétendus analystes politiques prédire la victoire, au premier tour, du candidat de la coalition au pouvoir lors des dernières présidentielles. Que dire des « chefs religieux » qui, du haut du pupitre d’un des nombreux dialogues du défunt régime, ont conseillé au Président d’alors de frapper (geumeul door pour l’un et kholal door pour l’autre) ? Nous n’oublions pas ces chroniqueurs qui, sans aucune rigueur dans l’analyse et sans fondement, accusaient un camp de vouloir brûler le pays avec la formule creuse : « reew mi ken dou ko taal ». Pour finir, il y a eu le camp des politiciens remorqués par le camp présidentiel qui, prêchant pour leurs propres intérêts, faire dans la diabolisation ou communiquant à fond sur la prétendue inexpérience des acteurs du camp du changement.
Le parti des patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF) ne fera sûrement pas exception à la mise en œuvre de cette stratégie devenue classique. D’ailleurs, il existe des indices qui nous permettent de croire que des individus ont commencé à déployer leurs actions. L’utilité de cette réflexion est d’attirer l’attention afin que le parti s’y prépare. D’abord, il y a le cas de ce « chef religieux » qui a commencé à s’agiter en remettant en question une nomination d’un éminent fils du Sénégal. Faute d’arguments, il base son point de vue sur des faits qui relèvent de la vie privée. Ensuite, il y a le cas d’une certaine presse qui s’illustre par un traitement tendancieux de l’information aux fins de semer toujours le doute dans la tête du citoyen. Pour arriver à ses fins, elle n’hésite pas à se servir d’un sujet relevant de la défense qui devrait réunir tous les sénégalais autour du même idéal. Cette presse s’illustre par des titres démagogiques formulés avec une emphase juste pour susciter la psychose chez le lecteur. Le rôle de cette presse dans cette démarche trouble est tellement apprécié que chacun cherche à se doter d’un organe de presse.
Devant les manœuvres machiavéliques de ces individus habitués des faits, nous sommes convaincus que l’Etat ne prêtera pas le flanc ni ne faiblira. Nous l’invitons à opposer la plus grande rigueur à ces entrepreneurs du chaos. Cette rigueur passe par une communication efficiente portant sur les questions prioritaires qui adressent les conditions de vie et l’avenir des sénégalais. Il importe de ne pas s’attarder sur des fausses polémiques car cela donnerait de l’importance à des individus qui se prendraient comme des vis-à-vis des autorités investies d’une charge publique. Dans la même dynamique, il faut entretenir des relations saines et équilibrées avec la presse. La peur de la critique (surtout celle venant des mêmes) ne devrait pas mener à des compromis qui pourraient nous être opposés à l’avenir. Ensuite, il convient de garder toujours en ligne de mire le serment fait au peuple de ne jamais le trahir mais d’adopter une gouvernance inclusive guidée par le seul objectif d’arriver à un développement durable et inclusif au service exclusif des sénégalais. Ce peuple, qui malgré la lassitude engendrée par les trahisons des politiciens, a consenti un effort ultime en se mobilisant à chaque fois que de besoin pour protéger le PROJET qu’il a fini de s’approprier. Cela évitera de sentir le besoin d’accorder des avantages indus à des personnes ou des catégories de personnes qui, de toutes les façons, ne représentent qu’eux-mêmes. En définitive, seul le peuple détenteur de la souveraineté mérite être servi avec zèle et dévouement.
Adrien Théodore DIENE
Conseiller d’orientation psychologue
Diplômé en communication et développement international
Ministère de la femme et des Solidarités
PASTEF MBOUR